Des décennies de travaux
Si l’aventure commence en 1987, il aura fallu des décennies d’études, de travaux, d’investissements financiers et personnels, à notre famille vivant sur place, pour faire revivre ce domaine.
Je souhaite rendre un hommage tout particulier à mon fils Emmanuel dont l’action a été déterminante dans les travaux de restauration du Manoir de Boyac. Sans son courage, son abnégation et son amour du travail bien fait, ce Manoir n’aurait pas retrouvé une partie de sa splendeur passée.
Nous lui devons tous un grand merci !
Jean Pierre Henneton
Chronologie des campagnes de travaux
La présente chronologie a l’intérêt de mettre en avant les grandes étapes des travaux déjà effectués, mais il va sans dire qu’entre chacune d’entre elles, une quantité non négligeable de réparations et restaurations ont été effectuées, pour n’en nommer qu’une : la constante révision de la toiture…
A notre arrivée, l’ensemble était totalement inhabitable. Considérant qu’il fallait être rapidement sur place, nous avons procédé aux premières urgences, à savoir l’assainissement et un minimum d’électricité. Ces premières dispositions nous ont permis un an plus tard de quitter notre douillet appartement de Rennes pour emménager façon « camping » dans cette glacière ou l’eau gelait dans les chambres !
1re campagne : 1988
2e campagne : 1990-1995
3e campagne : 2005-2007
4e campagne : 2015-2017
5e campagne : 2019-2021
6e campagne : 2022 (en cours)
Au préalable
- Grand nettoyage.
- Remplacement de toutes les vitres cassées.
- Révision de la toiture.
1re campagne : 1988
Cloisons abattues dans la grande salle du rez-de-chaussée. La salle basse avait été divisée en trois pièces et nos premiers travaux ont consisté à lui redonner son volume d’origine.
Un couloir qui passait dans les chambres Ouest au rez-de-chaussée a également été abattu afin de retrouver les volumes d’origine. A cette occasion, nous avons découvert la présence d’une porte plein cintre en granite jusque-là cachée par un enduit ciment.
2e campagne : 1990-1995
Chauffage : Dix ans plus tard, ô merveille : le chauffage dans toutes les pièces ! En ce qui concerne la salle basse : chauffage par le sol ; génial !
Electricité
Eau courante
Remplacement des 8 fenêtres de la façade du manoir qui étaient trop endommagées pour être sauvées. Les anciennes menuiseries (fenêtres et encadrements) ont donc été complètement retirées pour en poser de nouvelles, en chêne, sur les maçonneries. Il va sans dire que les dimensions de ces fenêtres sont hors normes. Il faut donc du sur-mesure, ce que nous avons réalisé avec mon fils Emmanuel dans notre atelier de menuiserie à Boyac. Pour pimenter le tout, chaque fenêtre a ses dimensions propres, chacune a donc exigé un travail de précision. Dans les dépendances, une fenêtre a également été remplacée.
Tous les éléments en bois : fenêtres, portes, plancher, solives, structure de la charpente lucarne ont été réalisés dans notre atelier de menuiserie à Boyac.
Dallage en granite sol cuisine : Dans la cuisine, le sol recouvert de dalles de granite présentait un faux niveau important. Par ailleurs, de nombreuses dalles étaient cassées, ce qui aurait été causé, selon d’anciens locataires du manoir, par les allées et venues d’un cheval qui entrait autrefois jusque dans la cuisine pour y déposer des souches destinées à alimenter le feu de cheminée ! Nous avons donc restauré ce dallage et remis le tout à niveau. Seules trois dalles devant la fenêtre de la cuisine ne pouvaient être déplacées, considérant leur taille et leur poids respectable. Afin de les remettre en position, nous avons dû creuser en-dessous, passer un petit cric de camion afin de les maintenir pendant qu’on remplissait de sable en-dessous afin de les remettre à niveau.
Remplacement socle cheminé cuisine : Toujours dans la cuisine, le socle de la cheminée étant indispensable à son bon fonctionnement et totalement délabré, nous l’avons donc remplacé et entouré d’une ancienne corniche de château en granite.
Dalle béton grande salle au rez-de-chaussée. A notre arrivée, cette pièce était en terre battue…
3e campagne : 2005-2007
Portes intérieures du manoir : plusieurs portes pour le rez-de-chaussée et l’étage sont réalisées en chêne massif sur mesure, toujours dans notre atelier de menuiserie.
Porte extérieure du manoir : A notre arrivée, la porte d’entrée, qui du reste n’était pas d’origine, était en piteux état comme la photo ci-dessous en atteste. Nous l’avons donc remplacée avec une porte fabrication maison bien entendu.
Chambre Est : Isolation du plancher et pose d’un parquet à panneaux. Réalisation d’un plâtre sur les murs.
Combles côté Est : Isolation du plancher.
Restauration d’une partie du mur d’enceinte (potager).
4e campagne : 2015-2017 : La maçonnerie lourde
Au fil des ans, deux désordres importants apparaissent. Le premier sur une partie de la façade sud-ouest, le second sur l’angle de la tour nord-ouest.
Au niveau de la façade les bouts de deux poutres maîtresses au niveau du grenier sont complètement dégradés. Les arbalétriers reposant sur le bout de celles-ci n’étant plus soutenus, l’ensemble de la toiture s’affaisse et pousse sur le mur. Il en résulte un écartement de 20 centimètres en haut du mur. Le risque d’éboulement est très sérieux. Sans le mur d’enceinte qui consolidait le tout, ce mur serait tombé depuis longtemps.
L’angle de la tour présente, quant à lui, des fissures importantes sur une hauteur de 9 mètres et commence à s’affaisser. De nombreuses pierres d’angle éclatent sous l’effet de la pression.
Les travaux nécessaires sont d’une importance telle que nous demandons à la DRAC l’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, ce qui est fait par arrêté le premier juillet 2011. Nous obtenons ainsi une subvention de 20 % de la DRAC, de 15% du Conseil général du Morbihan, ainsi que de 15% du Conseil régional.
Restauration de la façade
Démontage de la lucarne : La première opération consiste à échafauder et à démonter la lucarne afin de pouvoir restaurer le mur en-dessous.
Démontage du mur : Avant toute chose, il a fallu étayer de la cave au grenier et soutenir la charpente avec des poutres pendant la restauration du mur, faute de quoi, le toit se serait affaissé.
La maçonnerie de la partie Sud-Ouest de la façade est ensuite démontée sur une hauteur de 10 mètres (en comptant la lucarne) jusqu’à environ deux mètres du sol… Comme on s’en doute, les murs sont nettement plus épais que ceux des constructions du XXe ou XXIe siècle : il faut s’imaginer que ce démontage est celui d’un mur d’un mètre d’épaisseur ! Toutes les pièces en granite ont été numérotées afin d’en retrouver les emplacements d’origine lors du remontage. Imaginez le monstrueux tas de pierres ! Toute la maçonnerie d’origine étant montée à la terre, nous décidons, sur le conseil de Léo Straaijer-Goas, architecte du patrimoine, de reprendre cette technique. A cette fin, au démontage, toute la terre est récupérée et stockée au sec. Cependant, elle comporte de nombreux débris, entre autres de pierres, coquilles de noix ou glands. Il s’avère donc nécessaire de la tamiser, ce qui a été réalisé grâce à l’acquisition d’un tamis électrique d’occasion.
Restauration linteau, pierres d’encadrement, et appui de fenêtre : Une fenêtre du premier étage de la façade, côté ouest, présentait d’importants dégâts. Comme les photographies ci-dessous le montrent, des pierres d’encadrement étaient cassés. Mais plus préoccupant encore, le linteau et l’appui de fenêtre étaient cassés en deux.
Pour la restauration, le linteau et l’appui de fenêtre ont été percées de part en part avec un foret de 30mm et les deux morceaux ont été reliés par une tige filetée en inox et du scellement approprié. La cassure bien travaillée n’est pratiquement plus visible.
Et voici la fenêtre rendue à sa gloire passée une fois la restauration achevée.
Restauration des poutres de la chambre Ouest du premier étage. Les bouts de deux poutres maîtresses ont pourri sous l’effet du ruissellement dû à l’état de la toiture. Que faire ? Les remplacer, les restaurer ? C’est cette deuxième solution qui sera retenue par notre architecte du patrimoine, Léo Straaijer-Goas.
Il aurait été moins coûteux et plus rapide de les remplacer complètement, mais dans un souci de préserver la plus grande partie possible des matériaux d’origine, nous avons effectué cette restauration dont l’exécution technique est des plus complexes : la partie pourrie de la poutre est coupée et une gouttière est creusée sur 4 mètres de long à l’intérieur de la partie saine sans toucher aux côtés ou au fond. La nouvelle partie de la poutre est découpée aux dimensions exactes afin de s’insérer à l’intérieur. Ensuite, les deux morceaux sont chevillés sur toute la longueur de la restauration. Grâce à cette méthode, au premier étage quand le regard se dirige vers le plafond, on ne voit que les parties d’origine de la poutre. (Voir ci-dessous, la technique de restauration). Bien entendu, au préalable, il a été nécessaire d’étayer la charpente afin qu’elle ne nous tombe pas sur la tête ! Pour accéder aux poutres, il a fallu également déposer les solives et 25 m2 de plancher.
Restauration des arbalétriers
Concernant les arbalétriers, les parties basses en liaison avec les poutres étaient également endommagées. Il a donc fallu les rabouter. (Cette technique consiste à couper la partie endommagée et à la remplacer à l’identique). L’information est certainement surprenante pour un néophyte, mais il est plus coûteux de restaurer des arbalétriers que de les remplacer. Nous avons pourtant opté pour la restauration dans le but de conserver un maximum des matériaux d’origine.
Remontage et restauration de la lucarne avec remplacement de la fenêtre : La dernière opération consistait au remontage de la lucarne en granite. A cette occasion, il a fallu entièrement refaire l’encadrement et la structure en bois de la fenêtre, trop endommagés pour être conservés.
Raccords de toiture : Pour effectuer toutes ces opérations, il a fallu dégarnir environ 30m2 de toiture et remplacer 26 coyaux de 2m50 (dont la fonction est de protéger le mur du ruissellement de l’eau), les voliges ainsi que les ardoises à ce niveau.
Restauration de la tour
Sur la photographie en noir et blanc datant de 1985, on peut voir les fissures à l’angle de la tour sud-ouest avant la restauration.
Démontage d’une partie du mur sur 9m de haut, numérotage de toutes les pierres d’angle avec positionnement au sol dans l’ordre.
Remplacement d’une trentaine de pierres d’angle en schiste rouge : Lors du démontage du mur, un gros problème se pose : trouver des pierres d’angle pour remplacer les 30 qui étaient trop abîmées pour être remontées. Notre première idée était de chercher des pierres de récupération, mais tous nos efforts en ce sens sont restés vains, le schiste rouge étant assez rare et soit la couleur, soit la taille des pierres trouvées ne convenait pas. De plus, les pierres à remplacer étaient de dimensions respectables, allant jusqu’à un poids de 200 kilos pour les plus grosses.
Nous nous sommes alors tournés vers une carrière du Morbihan, malheureusement celle-ci ne produit plus de pierre à bâtir, seulement du gravier et du sable. Nous sommes tout de même parvenus à obtenir des blocs que nous avons tenté de faire tailler aux dimensions voulues. Et là, nouvelle déconvenue : ayant été extraits à la dynamite, ils tombaient en morceaux dès qu’on essayait de les travailler. Retour à la case départ.
Enfin, après de longues recherches, nous sommes tombés sur un lot de très grosses pierres de schiste rouge d’environ 50 tonnes. Nous envisagions d’en acheter une douzaine et de les faire calibrer chez un tailleur de pierre. Seul problème : le propriétaire desdites pierres n’acceptait de vendre que le lot complet. A prendre ou à laisser… N’ayant pas d’autre alternative, nous avons acheté le lot, et les pierres nécessaires à la restauration furent recalibrées comme prévu. La « chasse au trésor » qu’a constitué pour nous la recherche de blocs de schiste rouge dans lesquels tailler les pierres d’angle aura duré pas moins d’un an !
Remontage du mur : une fois les pierres taillées, Il ne restait « plus qu’à remonter le tout » en repositionnant toutes les pierres d’angle dans l’ordre du démontage, y compris les neuves recalibrées au centimètre près. Remontage à la terre bien entendu !
Remontage de l’angle des murs de la tour sud-ouest avec remplacement des pierres d’angles cassées. Epaisseur des murs : 1 m !
Sur les photos ci-dessous, on peut admirer le travail de restauration du mur ainsi que les fameuses pierres d’angle.
5e campagne : 2019-2021
Isolation combles partie Ouest.
Pose de solives ornées de motifs peints à la main sur les poutres restaurées lors de la précédente campagne de travaux (chambre 1er ouest).
Isolation du sol et pose d’un plancher en chêne sur les deux poutres restaurées (chambre 1er étage ouest).
Réalisation d’un enduit à la chaux (chambre 1er ouest).
Pose d’une poutre pour remplacer les deux bastaings dans la grande salle du rez-de-chaussée. Au XIXe siècle probablement, une réparation de fortune avait été réalisée pour remplacer une poutre maîtresse avec deux bastaings. Ceux-ci ont été retirés et remplacés par une nouvelle poutre en chêne. Pour ce faire, il a été nécessaire de pratiquer une ouverture au niveau du mur de la façade et de creuser le mur opposé de la grande salle du rez-de-chaussée afin de glisser la nouvelle poutre dedans. Pour cette opération, ce qui a pris le plus de temps, c’est le travail de maçonnerie avant et après l’insertion de la poutre.
En ce moment
Pose de dalles de granite dans la grande salle du rez-de-chaussée. Les plus grandes mesurent 1m60 X0.80 pour un poids d’environ 150 kg. Imaginez le travail pour la pose !
Réalisation d’un enduit à la chaux sur 150m2 de murs dans la grande salle du rez-de-chaussée.